La Sélect 6,50


2ème course au programme : la Sélect 6,50, course de 300 Milles en Solo au départ et à l’arrivée de Pornichet. C’est la 1ère « grande course » de la saison et réputée pour être l’une des plus dures du circuit Mini de par son parcours côtier riche en courants, bascules de vent, effets de sites, …, le tout en slalomant entres les iles de Groix, Belle Ile, Houat, Hoédic, Yeu…
Après les habituels contrôles des bateaux avant le départ, l’heure est à l’analyse de la météo… elle ne s’annonce pas simple pour nous puisque c’est du tout petit temps qui va prédominer sur tout le parcours… les nuits s’annoncent tres courtes et le courant va être une donnée très importante à intégrer… Le départ est lancé dans 7-8noeuds de vent… La team D2 choisit de partir côté côte pour sortir de la baie de Pornichet, ce qui nous permet à tous de virer la 1ère marque de parcours dans le 10ers ! Bruno (744) réussit même à rester longtemps au milieu des protos !

De notre côté, on fait petit à petit le ménage sur le long bord de près qui nous emmène jusqu’à Hoédic… Je suis alors en 4ème position quand nous envoyons le Gennaker pour continuer de remonter jusqu'au phare des Birvideaux que je passe en 3ème position à la tombée du jour !
Nous tirons des bords toute la 1ère partie de la nuit au large de Belle ile et au petit matin nous pouvons ouvrir petit à petit nos voiles et envoyer le Gennaker, puis le grand spi pour une longue glissade vers Yeu… Je suis en tête de belle Ile à Yeu mais le vent revient de l’arrière en me ramenant 4 compères avec qui nous faisons un petit trou jusqu’à Yeu mais là encore, le vent revient de l’arrière et nos poursuivants réduisent à nouveau l’écart sur nous… je passe la bouée des Sables d’Olonnes en 5ème position… J’ai un problème de vitesse avec mon grand spi… rien à faire, la coupe ne va pas pour le D2… un gros point à régler pour la transat !
Nous repartons ensuite au près vers Yeu… nous choississons dans la grande majorité de rester à terre… Le D2 démontre là encore ses redoutables capacités au près dans du vent médium sous génois puisque je remonte tranquillement jusqu’à la 1ère place avant de virer sur Yeu… Je me dis que je n’ai « plus qu’à » controler la flotte toute la remontée jusqu’à Groix qui va se continuer au près, et que la rapidité du bateau dans ces conditions creusera suffisament de distance avec la flotte avant la descente sous spi jusqu’à Pornichet… Malheureusement, 2 gros nuages de grains viennent perturber ce plan : la flotte se sépare dans une multitude d’options pour les négocier et gérer au mieux les grosses bascules de vent… à ce petit jeu je m’en sors très bien car je suis toujours en tête à la pointe sud de Yeu avec un petit gain en avance ! Mes poursuivants choississent de partir dans l’ouest de Yeu alors que je vais raser les cailloux… une légère bascule m’aide à passer l’ile sur une route très directe et je m’envole vers Groix quand la flotte s’enlise dans de nombreux bords… Je me dis que cette fois ci je devrais être tranquille car en me retournant je n’aperçois plus les feux de mes poursuivants ! Je dois avoir réussi à prendre 2 ou 3 milles… le vent mollit lentement et je decide d’aller chercher plus de vent à la côte ; j’envoie donc le gennaker pour garder de la vitesse en faisant route sur Hoëdic… malheureusement le vent continue de diminuer toute la nuit et je me retrouve complétement "empétolé" devant l’entrée de la Loire… le timming n’est pas trop mal géré car le courant m’aspire vers le nord jusqu’à l’embouchure de la Loire et me repousse lentement au nord après la renverse… je me bats comme un diable pour faire avancer mètre par mètre vers Hoëdic… le moral tombe dans le fond de mes bottes quand je vois la flotte revenir en route directe sur la pointe sud de Belle Ile quand je suis « coincé » devant Hoëdic… En se rapprochant de moi, tout le monde se retrouve dans « ma » pétole… Mais nouveau coup dur, il y a une petite risée le long de Belle ile et 5-6 bateaux arrivent à se glisser devant moi avant que je ne redémarre à mon tour… Tout est à refaire… Consolation, c’est Bruno (744) qui a repri les commandes : au moins c’est un bon copain et un D2 qui plus est !
Il rencontre même mes parents venus à ma rencontre avec Jacques, mais je ne les verrai pas… je crois meme que Bruno se moque de moi ou délire quand il me l'annonce par VHF… !
Je choisis de prendre côté belle ile et dois de nouveau faire parler les qualités de mon D2 au près… Mon option paie puisque je reviens sur Bruno et Guénolé en passant la pointe nord de Groix… Nous avons pris un bon mile à nos 3 poursuivants les plus proches… Nous enroulons la pointe de Groix et envoyons nos grands spis. Le vent bascule en se renforçant ce qui nous oblige à changer de voile car nous sommes très "pointus"… je bascule donc sous Génnak alors que Bruno accepte de perdre en cap sous grand spi… nous glissons comme des avions à plus de 10 noeuds sous la nuit étoilée qui s’annonce être la dernière (la 3ème néanmoins ! alors qu'avec du vent « normal » nous aurions déjà pû retrouver nos lits !) Nous augmentons une nouvelle fois notre avance sur nos poursuivants qui arrivent après la bascule et ont dû se contenter d’un près débridé… Bruno envoit alors son arme « secrète » : son petit gennaker qui le propulse 1,5 nds plus vite que nous… je me retrouve donc à contrôler Guénolé jusqu’à l’arrivée… je vais faire ma dernière petite sieste de 30min et ai la très désagréable surprise de sortir de ma cabine en voyant la balise des Béniguets sur mon tribord alors qu’elle devrait être de l’autre côté… le temps de la repasser du bon côté je me rends compte que le vent a légèrement tourné et que la sanction aurait pu être terrible… le coin étant rempli de roches… Je repars néanmoins devant le 3ème et notre partie de match-race continue jusqu’à l’arrivée à Pornichet dans le vent mollissant… Bruno annonce avoir cassé un des haubans qui retient son mât… inquiétude… il arrive néanmoins à terminer la course en 1ère place ! Chapeau l’Artiste !
Nous nous battons comme des lions avec Guénolé pour avancer dans le vent devenu très faible à l’approche de la ligne d’arrivée et un courant qui nous repousse… J’ai peur de revivre la même fin que sur la Demi-Clé mais je réussis à conserver mon avance et franchis la ligne en 2ème position ! ouf !!!
C’est un peu abasourdi par ce classement que je me prépare à rentrer au port... l’émotion est au rendez vous en passant les digues puisque mes parents et mon oncle sont là malgrè l’heure matinale pour m’accueillir… inoubliable !
Une course géniale, dure pour les nerfs car il a fallu se relancer après de nombreux rebondissements…
Je suis ravi par ma performance et ma capacité à me gérer en solitaire en course ; c’est d’ailleurs la 1ère fois pour moi que je passe plus d’une nuit en mer en solitaire !! Je me suis également découvert un caractère de compétiteur acharné que je ne me connaissais pas à ce point car je n’ai jamais rien lâché et ai su garder mon sang froid même dans les moments difficiles… une belle surprise très encourageante !
Je me retrouve donc en tête du classement série ! Que souhaiter de plus…

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