Mini Pavois: 2ème étape

Toutes les bonnes choses ayant une fin, il est grand temps pour nous de quitter Gijon pour regagner le "grand Nord". Au programme de cette 2ème étape, 500 milles: la plus longue navigation en solitaire pour Biboundé et son skipper!
Le parcours est le suivant: départ de Gijon, remontée jusqu'à la marque d'eau saine SN1 au large de La Rochelle, une bouée devant le port de l'ile d'Yeu, aller virer le phare des Birvideaux, et retour à La Rochelle via un dernier passage par SN1.
La météo annonçant des grains orageux très violents dans le golfe de Gascogne, le comité de course reporte le départ de 24h... Nous profitons donc d'une dernière journée de tourisme en Espagne avant de repartir...
Le départ est donné dans un petit flux de NE inférieur à 7 noeuds... Idéal pour Biboundé! Je choisis de partir à gauche du plan d'eau afin d'aller chercher plus vite une zone de vent plus établi... Finalement, le courant à la côte (coté droit) compense le vent plus faible et nous croisons tous en paquet à la bouée de dégagement que je passe néanmoins en 2ème position! Bien calé sur son bouchain, Biboundé grimpe tout doucement par rapport à la flotte et prend rapidement la tête de la course! Plus nous nous décalons au nord, plus le vent rentre... Vers 21h, le vent a suffisament refusé pour nous permettre de faire route directe au près en babord amure sur La Rochelle (située à 300M)... Nous emmenons avec nous quelques dauphins. Instant magique car les bateaux se croisent accompagnés chacun de son petit groupe de dauphins!
Le vent continue de monter et s'établit autour de 15noeuds... je reste sous génois en attendant l'évolution... Je tente de me préparer un bon plat lyophilisé mais mon réchaud refuse de s'allumer... Aucun problème, j'ai 2 sandwichs à bord, je verrai cela à la lumière du jour!
Le vent monte encore et je passe sous solent pour la nuit... Je suis dans le bon groupe avec les 3 premiers au classement général... Nous nous marquons les uns les autres... Je continue à "monter au vent" plus qu'eux pour une meme vitesse... petit à petit l'écart latéral nous fait nous perdre de vue dans la nuit... Le jour se lève en meme temps que le vent mollit... Je renvois donc de la toile, je navigue bord à bord avec un autre D2, celui de Pierre Cizeau qui est ravi d'être avec moi!
Je sors mon réchaud et commence à le bricoler... rien à faire, après 2h d'essais et bidouillages, j'abandonne... Je suis très embété, à bord je n'ai que des plats lyophilisés et des gouters chocolatés... Pour le moment, pas vraiment d'autre solution que d'avancer... Dans l'après midi, le vent remonte et s'installe entre 22 et 30 nds... Je repasse donc sous solent et GV 1 ris ou 2 suivant les variations... Commencant à ressentir la faim, je tente de me faire un lyophilisé froid en laissant reposer 1h au lieu des 10minutes normales... cela ne prend pas franchement... J'avale ce que je peux de cette bouillie sur les conseils d'Amaury avec qui je navigue à vue, qui a entendu dire que certains l'avait fait sur une transat... Je le regrette amèrement dans la nuit car je suis pris de maux d'estomac violents qui achèvent de me saper le moral et me coupent les forces... dans ma tête, je ne suis plus en course... Au vu de la distance qui me reste à parcourir encore plus de 300milles, je pense sérieusement à m'arréter à La Rochelle quand j'y serai... Je m'hydrate au maximum et petit à petit je me sens mieux... Je passe SN1 au petit matin, je suis au contact avec Jean Marie et Yann (2 Pogos 2 avec lesquels on ne se quittera plus jusqu'à l'arrivée 2 jours plus tard!). Le bateau accompagnateur est au courant de mes problèmes alimentaires et me demande mes intentions... J'ai fait l'inventaire de mes gouters et estime qu'en me rationnant et en m'économisant au maximum, je dois pouvoir tenir 3 jours... Il ne va pas falloir trainer! Je leur annonce donc que je continue... Bien que mon estomac crie famine, j'ai retrouvé le moral et la "gniak"! Nous continuons donc, toujours au près avec mes 2 compères... Yeu, puis Hoëdic, Houat, Belle Ile, toujours au près... on se remonte le moral en se disant qu'une fois viré les Birvideaux, on sera enfin au portant! mais le vent tourne et ne nous aura permis d'envoyer le gennaker qu'une heure... Depuis quelque temps, j'entend un grincement bizarre mais n'arrivais pas à déterminer d'où il venait... Au petit jour je me rends compte que mon mât bouge au passage du pont (mat traversant)... je me jette sur la toile qui fait l'étanchéité et découvre le problème: la cale de màt est remontée (à cause des à-coups violents toute la remontée du golfe de Gascogne)... Nouveau coup au moral, mais il faut agir vite pour ne pas endommager plus le gréément... Je suis devant Belle ile, j'affale tout et passe plus d'une heure à pousser sur mon mât en profitant de "la bonne vague" pour essayer de remettre la cale qui se met déja "en force" quand on mâte normalement... le marteau d'une main et le mât dans l'autre, je lutte... Je finis par y arriver, je renvoie la toile et m'éffondre dans le cockpit... Je suis dans le rouge: manque de sommeil, cela fait déja 4 jours que je suis au régime forcé, et épuisé physiquement par la lutte avec mon mât... je m'accorde une petite sieste de 30 minutes pour y voir plus clair et engloutis 2 rations de repas chocolaté... J'en ai vraiment besoin... Je vois encore les copains à l'horizon et me dis que rien n'est joué... Je me remotive et profite du soleil et du petit temps pour revenir sur eux en choisissant de rester le plus à terre possible afin de profiter le 1er de la brise thermique quand elle s'établira... Mon option est payante car je suis le premier à renvoyer le Gennaker, puis le grand spi et réussis à revenir au meme niveau que Jean Marie avec un gros latéral puisqu'il est à toucher Yeu quand je suis à terre... le vent s'établit à plus de 20nds et nos routes convergent après plusieurs empannages jusqu'à SN1... Qu'il est bon de filer à plus de 9nds de moyenne en s'offrant de jolis surfs avec les dauphins, quand on a passé 4 jours à 5,8nds au près! Arrivé en baie de La Rochelle, on passe sous gennaker: dernières belles glissades! Nous finissons par un petit bord de près pour passer la ligne d'arrivée... J'avale 2 barres pour me donner le dernier coup de "peps" en préparant Biboundé pour l'arrivée en attendant le zodiac qui vient à ma rencontre...

Il est 1h du matin quand j'arrive au ponton, accueilli dans la joie par mon fan club (mes parents, Coco et Tifenn)! Le temps de ranger Bibou et de le remercier, je fonce au club dévorer un boeuf bourguignon!!
Le lendemain, rangement, rinçage, nettoyage de Biboundé qui l'a bien mérité!
Bilan de la 2ème étape: je fini en 8ème position et ai perdu 2,5kg en moins de 5 jours...
La course se jouant au temps cumulé des 2 étapes, je me classe 7ème au général: une bonne place pour une première course de large!

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