Select 6,50 2011

Après la Demi Clé, le bateau restait à Pornichet la semaine pour attendre le départ de la Select 6,50 à laquelle j’avais terminé à la 2nde place l’année dernière. Une grosse envie de bien faire pour compenser la déception de la Demi Clé.
La météo annonce de petits airs. La course va être plus longue encore que l’année dernière, ce qui ne va pas m’arranger car je dois être dans l’avion pour Marseille le mardi après midi, je suis en examens du mercredi au vendredi pour ma dernière année d’études… Pour le moment les routages donnent une arrivée mardi dans la journée… à moi donc de les faire mentir pour avoir mon avion et me reposer un minimum pour mes examens.
La longue sortie du port de tous les concurrents commence dans un vent d’une petite dizaine de nœuds. Après quelques bords de réglages, on fait des bords de speed test avec Jean Marie Oger sous l’œil de Jean Yves Jaffrezic notre maître voilier. Le départ est donné dans un vent mollissant avec une belle bascule qu’il ne fallait pas rater. Bien qu’un peu couvert sur la ligne, j’anticipe bien la bascule et monte vers la bouée de dégagement devant toute la flotte et croise devant tous les protos ! A la bouée, je suis en seconde position, dans le tableau arrière du premier. Nous envoyons le spi sur le Dogleg et glissons vers la sortie de la baie. Le vent opère une grosse bascule tout en mollissant. Nous réussissons à nous échapper en compagnie des protos  alors que la flotte reste « posée » dans la baie. Le bord de spi se transforme en bord de près et une fois sortis de la baie, nous faisons route sous Gennaker  pour le parcours côtier. Les protos très à l’aise dans ces conditions nous doublent. Après un virement de bord sous Gennaker, retour vers l’entrée de la baie et je recroise donc toute la flotte qui a redémarré. Le vent rentre par l’arrière de la flotte alors que le vent est faible près de la bouée à virer et la flotte nous recolle.  Nous prenons la route vers Belle ile et là encore le vent est joueur puisqu’il se renforce d’un coup et m’oblige même à mettre un ris, puis retombe complètement. Je suis dans le paquet des 5 premiers quand le vent s’arrête complètement, nous ne somme pas encore arrivé à Hoëdic… Le système orageux est bien installé sur nous et il faut se battre pour avancer. Les 3 premiers touchent une petite risée salvatrice et partent devant… Sous les grains orageux qui s’enchainent, il faut beaucoup manœuvrer pour profiter des bascules et adapter la voilure en permanence : épuisant. J’enroule le phare des Birvideaux vers 2h du matin contre 22h en 2010 : déjà en retard… avec la nuit les conditions semblent se stabiliser alors que nous somme au large de Belle Ile. Sur le matin, je vent monte d’un cran et je me retrouve sous au près Solent et GV 1 ou 2 ris… La mer hachée ne facilite pas notre avancée. La météo annonçait un vent mollissant par le large et une bascule défavorable à terre, je choisi de rester au milieu du plan d’eau. Quand le vent molli dans la matinée pour devenir faible, je m’aperçois qu’au large les copains sont mieux lotis… et ne parlons pas de ceux à terre… la journée est passée entre étalage de crème solaire et virements de bords puis empannages sous grand spi dans la pétole la plus noire… ce n’est qu’au couché du soleil que j’arrive sur Yeu (plus de 16h de retard par rapport à 2010…) j’attaque fort sous Gennaker et reprend quelques concurrents avec qui je rejoins  la marque devant les Sables d’Olonnes ou je me retrouve au levé du soleil entre les bateaux de pêche rentrant au port et le vent décidant une fois de plus de briller par son absence… nous somme lundi matin et le bilan n’est pas brillant : il ne me reste plus que 30 heures avant de décoller vers Marseille et je n’ai fait que la moitié du parcours… Je tente de me glisser à terre pour la remontée vers Yeu dans un vent très faible… Option payante puisque je remonte encore quelques concurrents partis en route directe. Après la prise de météo, le constat est simple, pour arriver dans les délais pour mon avion, il me faudrait tenir une moyenne de plus de 7 nœuds… or dans moins de 5 nœuds,  c’est mission impossible. J’ai du mal à franchir le cap, mais je dois me résoudre à l’évidence : je ne finirai pas cette course… coup dur pour le moral bien que je m’y attendais… J’annonce mon abandon au comité de course via le sémaphore de Yeu et profite du petit couloir de vent qui me permet de remonter par l’intérieur de l’ile (en course il aurait fallu passer par l’extérieur) et vais faire une petite sieste… à mon réveil, rien n’a changé, sauf le moral qui est revenu. Musique à fond dans le cockpit, je me remotive et réfléchi à la suite des évènements… Car même si j’ai abandonné, ma situation n’est guère plus brillante, je dois réussir à rejoindre un port… pour le moment je bénéficie toujours d’un léger filet de vent qui me permet de faire route vers le nord. J’aperçois les copains toujours en course qui sont encalminés plus au large… après de nombreuses manœuvres, j’arrive à approcher de la zone de mouillage des cargos à l’entrée de la Loire. J’évite au mieux leurs dévents et décide de profiter du faible vent mais bien orienté pour couper à travers les roches pour réduire la distance avec le port de Pornichet.  Je m’engage alors confiant entre les roches  au travers sous spi à contre un courant… c’est au pire moment pour moi (juste entre les 2 roches !) que le vent faiblit encore pour ne plus dépasser les 3noeuds…  oups… J’arrive à me maintenir centré dans le petit chenal mais ne progresse plus… situation plus que délicate car je suis à peine manœuvrant entre les têtes de roche…  J’arrive à me créer un peu de vent apparent et réussi à me relancer doucement, il faut rester très vigilant car la moindre erreur de barre et c’est le courant qui l’emporte… 2 heures plus tard, le courant a mollit et j’arrive à me dégager définitivement de cette zone ! Ouf ! Je fais maintenant route directe sur l’entrée de la baie de la Baule et assiste en directe à l’arrivée des protos ! J’arrive à quai aux alentours de 2h du matin… Déçu… mais objectif réussi, le bateau est à Pornichet, je vais pouvoir dormir un peu avant de prendre mon avion…
Le temps de ranger mon bateau et de me mettre clair avec l’organisation de course, je suis la progression de la flotte des séries : les premiers ne sont à peine arrivés à Groix alors que nous somme le mardi midi… L’abandon est moins difficile à accepter dans ces conditions… Je profite du voyage retour pour remettre le nez dans mes cours pour les examens du lendemain…
Décidément cette saison ne veux pas me sourire… mais l’objectif de valider ma qualification pour la Transat est validé ! Pour moi commence alors la dernière ligne droite de ma vie d’étudiant : à fond sur mes examen finaux jusqu’à fin juin…

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